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Rapport du webinaire interactif

De l’enfant qui se montre sélectif dans son alimentation à celui qui souffre de l’ARFID : quelles sont les différences, quel est le lien avec l’état nutritionnel et la croissance, et quels conseils donnez-vous aux parents ? Toutes ces questions ont été abordées lors du webinaire interactif « The spectrum of picky eating », organisé en direct le jeudi 18 juin 2020 via Nutricia Campus. Modérateur : Dr Rosan Meyer.

« Il n’existe malheureusement pas de définition universelle des enfants sélectifs sur le plan alimentaire. » Chris Smith, diététicien pédiatrique senior et responsable du service de diététique du Royal Alexandra Children’s Hospital de Brighton (Royaume-Uni), prend la parole. C. Smith considère le « picky eating » comme un terme générique regroupant toute réticence à manger. Selon lui, les enfants sélectifs dans leur alimentation ont souvent des préférences alimentaires marquées. « Si nous représentions les enfants sélectifs sur le plan alimentaire sous forme de pyramide, la base se composerait des enfants légèrement sélectifs dans leur alimentation, tandis qu’au sommet, nous aurions les enfants présentant un ARFID (Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder). » Les enfants atteints d’ARFID évitent les aliments ayant une couleur, une texture ou un goût particulier. « Il est particulièrement compliqué de distinguer les enfants sélectifs sur le plan alimentaire de ceux présentant un ARFID », explique Rebecca Thomas, diététicienne ayant son cabinet à Baltimore (États-Unis). Elle a abordé les principales différences entre les enfants sélectifs dans leur alimentation et l’ARFID en s'appuyant sur une diapositive éclairante. Une différence importante réside, par exemple, dans le fait que les enfants atteints d’ARFID ont peur d'avaler de travers, de s’étouffer ou de vomir, se sentent rassasiés et présentent souvent des douleurs abdominales. Près de 50 % des enfants atteints d’ARFID déclarent avoir peur de vomir ou de s'étouffer. »

Développement d’un régime alimentaire sélectif

Selon C. Smith, l'une des principales causes du développement de cette sélection des aliments réside dans le fait de commencer trop tard la diversification alimentaire, ou de varier trop peu les structures et les saveurs. C. Smith pense, en outre, que les interactions entre le parent et l’enfant durant les repas ont une influence. Il distingue 4 styles d’éducation, que l’on peut déceler en posant aux parents la question suivante : « Que faites-vous si votre enfant ne mange pas ? ». Les enfants de parents qui appartiennent à la catégorie « controlling » présentent un risque plus élevé de développer un retard de croissance. C. Smith poursuit : « Si vous parvenez à faire évoluer les parents vers la catégorie "responsive", cela permettra bien souvent d'éviter que l’enfant ne devienne trop sélectif dans son alimentation et cela aidera à résoudre le problème. »
R. Thomas remarque que les enfants atteints d’ARFID sont souvent des « super dégustateurs sensoriels ». Ces enfants ressentent plus intensément les saveurs, les textures et la présentation. Ils peuvent, par exemple, trouver la courgette et les champignons trop visqueux. « Les enfants peuvent toutefois aussi souffrir d’un traumatisme, par exemple parce qu’ils ont avalé des aliments de travers, ou en raison d’abus physiques ou psychiques. L’ARFID est, par ailleurs, plus fréquent chez les enfants atteints d’autisme et de TDAH. »

Traitement nutritionnel des « Picky eaters »

Le traitement des enfants sélectifs dans leur alimentation vise à améliorer leur régime alimentaire, ainsi qu’à soutenir une croissance et une prise de poids suffisantes. C. Smith prodigue des conseils comportementaux et nutritionnels aux parents. Pensez à prendre les repas dans un environnement calme, à consacrer maximum 20 à 25 minutes assis à table pour manger, à montrer personnellement le bon exemple… C. Smith explique que « tout cela semble simple, mais n’est pourtant pas facile à mettre en place pour de nombreux parents. Les parents doivent moins se concentrer sur ce que leur enfant mange et davantage sur l’intervention comportementale. On peut, par exemple, pallier les déficits par le biais de compléments alimentaires, tels que du fer et du zinc. »

Traitement nutritionnel de l’ARFID

R. Thomas établit souvent, avec les enfants, une liste de « ce qu'ils aiment » et « ce qu’ils n'aiment pas », et examine avec eux ce qu’ils « pourraient aimer » parmi de nouveaux aliments. Elle utilise cet aperçu hiérarchisé pour apporter plus de variété et de structure dans l’alimentation, en commençant par les aliments acceptés par l’enfant. En outre, pour pallier la perte de poids, et compléter les macro- et micronutriments, il faut généralement intégrer des boissons nutritionnelles. L’étape suivante consiste à essayer de nouveaux produits et à augmenter les portions d'aliments acceptés. » R. Thomas ajoute qu’il est vraiment nécessaire d'avancer progressivement dans le cadre de l’ARFID et souligne l’importance d’un traitement pluridisciplinaire dans le cadre de cette affection. Pour elle, l’équipe doit idéalement se composer d’un pédiatre, d’un gastro-entérologue, d’un psychologue ou d’un psychiatre, d’un diététicien, d’un ergothérapeute et d’un thérapeute comportemental.

Le webinaire peut être revisionné ici. R. Thomas et C. Smith ont, en outre, tous deux abordé un cas et répondu aux questions des participants à la fin du webinaire en direct.